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Comment s'affirmer et savoir dire non !

Philippe ANDREOLI • déc. 06, 2023

Nous avons tous des aspirations, des droits, des besoins, et sommes confrontés régulièrement à des situations où nos valeurs sont titillées, parfois bafouées. Nous sommes alors confrontés à un choix : oser les défendre ou ne pas réagir face à un homme, une femme, une institution, qui se dresserait là sur le chemin de notre liberté. Alors, comment s'affirmer et savoir dire non dans ce type de contextes, c'est le sujet de notre article du jour.

Je mets bien évidemment de côté les situations où le "désaccord" se passe dans notre propre tête, par exemple quand on ne s'affirme pas au bénéfice d'une autre valeur, encore plus importante. Nous aborderons successivement les questions suivantes :

  • Comment savoir ce qui est vraiment important pour nous
  • Pourquoi nous ne nous affirmons pas
  • Apprendre à dire non

Comment savoir ce qui est vraiment important

Besoins, valeurs, droits

Je ne saurais compter le nombre de fois où j'ai posé cette question : "Qu'est-ce qui est vraiment important pour vous ?" lors de mes accompagnements, coachings ou encore lors de conversations informelles avec des amis rencontrant une difficulté.

La plupart des personnes interrogées répondent spontanément "je ne sais pas !". Sont-ils stupides ? Pas du tout ! C'est une question qui demande parfois, souvent réflexion. Le problème lorsqu'on n'y a jamais réfléchi, c'est qu'on suit les valeurs des autres, de notre famille, ou de la société. Une amie (Elodie, si tu lis !) disait, il y a de cela quelques années, avec un brin de malice : "la vie à laquelle tout le monde aspire, c'est rencontre, appartement à louer, mariage (ou pas), bébé, achat de maison, labrador, scénic, puis les choses se compliquent, divorce, et là on commence seulement à réfléchir à ce qu'on veut vraiment".

Au-delà du cliché, cela n'est pas complètement faux. Depuis notre enfance, notre chemin est tracé, hors grosses difficultés que peuvent connaitre certains. On nous habitue à être guidé pour tout. Et c'est normal. Nos choix sont longtemps influencés par les figures d'autorité qui nous ont accompagnées durant notre enfance. D'ailleurs, vous pouvez vous poser ces deux questions à la suite (oui à vous-même !) :

  • Que veux-tu faire plus tard professionnellement ? et
  • Es-tu sûr(e) que ce choix, ou cette absence de choix (quand vous avez répondu "je ne sais pas") est en relation avec tes valeurs ou avec ce tu penses qu'on attend de toi ?

La réalité fait qu'on ne se pose souvent réellement cette question qu'à l'occasion de situations vécues douloureusement, notamment lorsque la question de notre propre mort un jour vient briser le doux ronron de notre vie. Un jour, j'avais 31 ou 32 ans, un cardiologue m'a "pronostiqué" une fin imminente. J'ai bien sûr demandé un autre avis et je suis toujours là. Mais la question du jour n'est pas là. Lorsque vous comprenez que vous n'êtes pas "immortel", les choses sont différentes. Oui oui il y a une différence entre savoir qu'un jour lointain on mourra, et envisager ce jour arriver prochainement à cause de la maladie, une guerre ou encore après une agression.

Bref, je ne veux pas plomber plus l'ambiance, mais le moyen le plus simple de savoir ce qui est vraiment important, c'est de s'imaginer mourir. Les artistes le savent :

  • "Si on devait mourir demain, qu'est-ce qu'on ferait de mieux, qu'est-ce qu'on ferait de moins..."
  • "Vivre chaque jour comme si c'était le dernier..."

Les psychologues en ont fait des exercices. Il y en a un que j'aime beaucoup, et que je trouve particulièrement pertinent : il s'agit d'imaginer ce qu'on ferait, mais vraiment :

  • S'il ne nous reste qu'un jour à vivre (ex : je mets les choses en ordre pour mes enfants)
  • Et si c'est une semaine, je fais quoi de plus ?
  • Un mois ?
  • Un an, etc. ?

Si vous faites cela sérieusement, vous connaitrez vos valeurs, les choses importantes, vos besoins, et en prime, de manière hiérarchisée.

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Pourquoi nous ne nous affirmons pas !

Savoir dire non

La plupart d'entre nous ont déjà vécu cette scène ou nous avons accepté de remplacer un collègue, de visiter une personne qu'on n'avait absolument pas envie de voir, gardé des fréquentations contre notre gré. Certains cyclistes ont même consommé des produits dopants "à l'insu de leur plein gré !".

Alors pourquoi faisons-nous cela :

  • Pour ne pas être cruel, pour ne pas faire de la peine
  • Pour préserver notre tranquillité
  • Pour préserver notre sécurité lorsque c'est à un supérieur hiérarchique que nous devons tenir tête
  • Etc.

Malheureusement, ces apparentes bonnes raisons ne sont souvent que des excuses. La réalité est toute autre. Comme le dit si bien une des figures de proue de la Communication Non Violente, ou CNV, Thomas D'Ansembourg : "Être heureux, ce n'est pas forcément confortable", titre d'un de ses livres.

En effet, bien souvent, quand on ne s'affirme pas, quand on ne dit pas non, on fait ce qu'on appelle un évitement expérienciel. En bref, on évite un ressenti qui peut être très désagréable lorsqu'on :

  • Tient tête à un manipulateur
  • Quitte quelqu'un
  • Econduit un amoureux,
  • ...

Et en général, éviter les émotions et pensées douloureuses, cela ne conduit généralement qu'à leur renforcement. Si on le fait très souvent, ce sera de plus en plus difficile d'y parvenir.

La solution ? S'engager au nom de ses valeurs et passer à l'ACTion.

Apprendre à dire non

D'ailleurs, pourquoi faudrait-il apprendre à dire non, quand tout le monde sait le faire, en tout cas en a la capacité. On peut faire le test maintenant : dites NON !  C'est fait ? Vous voyez. Ce sont les circonstances qui font que vous pourriez ne plus y arriver donc, "Cessez d'être gentils, soyez vrais !", autre titre de Thomas d'Ansembourg.

Pour apprendre à dire non, il faut 2 choses :

  • Une technique assertive
  • Une motivation suffisante pour s'affirmer malgré le ressenti que cela génère

Une technique assertive

L'idée est de s'affirmer sans violence, jugement, prêt d'intention ou contraintes, afin de ne pas amener la surenchère et le conflit. Les techniques de la Communication Non Violente (CNV) de Rosenberg, l'intelligence émotionnelle de Goleman ou de l'alphabétisation émotionnelle de Steiner sont efficaces. Dans son livre "Guérir", David Servan-Schreiber présente deux techniques novatrices à l'époque (2003) :

  • La cohérence cardiaque qui est devenue très populaire
  • La CNV avec une démonstration présentée dans le schéma ci-dessous

Je raconte souvent mon tout premier coaching en 2009. C'était Isabelle (prénom changé), assistante de direction d'une cinquantaine d'années. Isabelle était en arrêt maladie depuis de longs mois. Elle avait déclenché des attaques de panique et était suivie pour cela par un psychiatre. Elle ne parvenait pas à retourner travailler. Elle venait me voir pour un problème bien précis, qui selon elle, contribuait énormément à ses difficultés.

Isabelle n'avait connu, jusqu'à récemment, qu'un seul patron. Elle travaillait dans une PME familiale industrielle où elle assistait le patron depuis presque 30 années. Il était dur mais très juste et respectueux du travail d'Isabelle. Elle a adoré cette période. Malheureusement pour elle, l'âge faisant, le patron avait revendu son entreprise et la relation avec le nouvel occupant des lieux allait s'avérer très compliquée. Elle m'annonça tout de suite avoir été harcelée, et ne plus pouvoir travailler avec ce "gros dégueulasse". Nous décidâmes ensemble vouloir tester une technique de communication assertive, comme présentée ci-dessus :

  • Source : Isabelle devait s'adresser directement à son nouveau boss, et pas à l'inspection du travail ou encore à son syndicat (pour cette technique. Bien sûr, cela aurait été aussi une solution de le faire, mais différente dans l'affirmation de soi)
  • Place : Isabelle choisit de le faire à l'écrit, mais de manière la plus informelle possible. Un mail sans accusé de lecture. Certains diront que c'est mieux à l'oral. peut-être mais l'effort émotionnel était trop important pour elle
  • Approche amicale : "Je suis assistante de direction dans votre entreprise depuis de très longues années, et il me tiendrait à cœur de le rester, dans la mesure de mes possibilités, sincèrement"
  • Déclaration faits-ressentis : "maintenant, lorsque nous travaillons ensemble, vous vous approchez régulièrement de moi et même parfois posez votre main sur mon épaule, ceci pendant plusieurs secondes. Au début je me sentais embarrassée, aujourd'hui révoltée"
  • Besoin - demande : "Dans ma vie j'ai toujours eu besoin de conserver une certaine distance avec les autres, d'autant plus sur mon lieu de travail. Je vais revenir dans l'entreprise. Pouvez-vous maintenir cette distance ?"

Cette anecdote s'est plutôt bien terminée, mais ça aurait pu être différent. Dans tous les cas Isabelle s'est sentie plus forte après cela et en cas de "mauvaise réponse" du patron, elle aurait pu passer à une étape supplémentaire dans l'affirmation (porter plainte, etc.), en connaissance de cause. Elle n'a pas eu à le faire car le dit patron lui a présenté ses excuses et a par la suite respecté la distance demandée.

Une motivation suffisante pour agir

Même si les techniques assertives sont importantes, ce n'est souvent pas cela qui nous retient de nous affirmer, mais bien le vécu émotionnel que cela amène. Si si. C'est très difficile de s'affirmer, d'autant plus quand on n'a pas eu l'habitude de la faire et qu'on a souvent fait des évitements expérienciels. L'état interne va ressembler à cela :

  • Des émotions de peur, colère ou découragement, dénotant du stress
  • Des pensées du genre : je n'y arriverai jamais, à quoi bon ça sert à rien, je ne veux pas faire de mal, je vais me faire manger, je suis trop faible, etc.
  • Une envie pressante soit d'entrer en guerre, fuir ou ne rien faire du tout, plutôt que s'affirmer avec respect et fermeté
  • Des sensations physiques désagréables à l'idée de me mettre en action : boule au ventre, transpiration, palpitations, etc.

En fait on ne fuit pas la confrontation, mais cet état interne vraiment désagréable qu'elle engendre. C'est d'ailleurs à cause d'elle qu'Isabelle a préféré l'écrit à une discussion en tête-à-tête. Et vous savez quoi, ce genre d'état interne amène certaines personnes à renoncer à déclarer leur amour et peuvent passer à côté de leur vie !

Comment s'affirmer

La solution ? L'engagement dans vos valeurs, dans ce qui est vraiment important pour vous, dans ce qui compte vraiment, et l'acceptation de vivre ce type d'état interne parce qu'au final, c'est une expérience enrichissante de le faire. Le drame, c'est l'évitement. Je ne vous dis surtout pas de "foncer tête baissée", mais de vous engager tels que vous êtes dans ce qui compte vraiment, en vivant intensément.

Pour vous y aider, vous pouvez vous poser les questions suivantes :

  • Qu'est-ce que je conseillerais à un(e) ami(e) chère dans ce type de situation ?
  • Quels sont mes droits et mes devoirs dans cette situation ?
  • Qu'est-ce que je veux vraiment ? Suis-je prêt à m'engager pour cela ?

Une valeur qui me parle : l'altérité ! C'est différent de l'altruisme. S'affirmer, savoir dire non, c'est penser que "je suis moi, que j'ai le droit de penser ce que je pense, de vouloir ce que je veux", et que l'autre a ces mêmes droits. je peux donc m'affirmer et permettre à l'autre de le faire aussi. Alors, vous en dites quoi ? 

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