Les secrets d'un anxieux rétabli et repenti pour faire face à une personne qui me terrorise

Anxieux de nature, j'ai souvent remarqué que certains avaient le don de le repérer chez moi, de le tester et d'en profiter le cas échéant.

Je pourrais évoquer la fois où j'ai fait les devoirs d'un camarade de classe pendant des mois en classe de quatrième, ou les humiliations subies lors de rapports de force infructueux, encore aujourd'hui dans ma vie professionnelle.

La chose la plus difficile, c'est la colère qu'on ressent envers l'autre mais aussi et surtout envers soi-même parce qu'on se juge lâche ou trop faible pour réagir comme on voudrait.

Alors, comment  faire pour être plus fort qu'un manipulateur, un scar, comme moi je les nomme.

J'ai cherché la réponse à cette question toute ma vie, dans les arts martiaux, dans le développement personnel et la thérapie.

Je vous propose de faire le tour de la question depuis mon point de vue, ayant la grande chance d'être libre de ma parole sur ce sujet.

J'ai choisi de ne pas mettre de sommaire car j'ai construit cet article comme une démonstration mathématique, chaque paragraphe découlant du précédent. Bonne lecture !

Comment être plus fort qu'un manipulateur

Qu'est-ce qu'un dominant ?

Dans toutes les espèces qui vivent en clan, en meutes, en tribus (dont l'homme fait partie au même titre que le loup, le lion ou le dauphin), il s'établit une hiérarchie "naturelle".

Cette hiérarchie est basée sur le maintien du rapport de force. Pour éviter que les membres d'une tribu, d'un clan ne s'entretuent, les rapports de force doivent être maintenus. Alors la nature inventa les dominants.

Je plaisante mais oui, le rapport de force est maintenu... Par le plus fort, ou plutôt par le pus cruel.

C'est comme ça chez les animaux, et c'est sûrement encore un peu aussi comme ça chez l'homme (quand on regarde les dirigeants des grandes puissances en ce moment, vous aurez du mal à me contredire !).

Chez l'animal, lorsque le dominant vieillit, et qu'il perd de la force, il est chassé et souvent tué par un prétendant. Pourquoi ? Parce que la place de dominant est enviable, vu que les rapports sexuels lui sont souvent réservés et qu'en général les autres travaillent pour lui.

Mais quel est son rôle dans la nature ? Son unique rôle est de protéger le groupe. Et pour cela, il doit être en mesure de vaincre une menace soit lui-même, soit en envoyant des soumis retarder une menace trop grande pour lui, pendant que la majeure partie du groupe peut s'enfuir.

Au final, un dominant doit être assez fort pour gérer les prétendants, assez cruel pour éliminer une menace ou envoyer de la chaire à canon au front.



Est-ce un mâle ou une femelle ? Cela peut être l'un ou l'autre, cela dépend des espèces. Le plus souvent, il y a une hiérarchie chez le mâle ET chez la femelle.

Et chez l'humain alors ?

Tout ce que je vous raconte ici, vient de mon expérience depuis mon positionnement grégaire "soumis", de mes rencontres avec des professionnels des forces de l'ordre (j'ai été gendarme auxiliaire et ai fait de nombreux stages d'arts martiaux en présence de flics d'élite) et de mes formations en Approche Neurocognitive et Comportementale ou ANC, chère au docteur Jacques Fradin, président du GIEC des comportements.

Voilà ce que je crois savoir :

• Chez l'être humain, une partie du cerveau plus archaïque, est sensible aux rapports de force. Cela conditionne chez nous un positionnement Grégaire. On va dire que chacun d'entre nous occupe une position dans sa tribu, conditionnée par la confiance intrinsèque qu'il a en lui et en les autres. Cette position est stable et ne bouge pas tellement au long de la vie. Le petit soumis de la classe de 4e, restera la plupart du temps, ce même petit garçon, confronté à un rapport de force. il devra "travailler sur lui", s'il veut améliorer cela à la marge.
• Le leadership n'est pas constitué uniquement du caractère dominant d'un individu, même si cela joue un peu. En effet, d'autres paramètres sont plus essentiels que la force et la cruauté pour diriger : les valeurs, la résilience, la capacité à fédérer, etc. Ces autres caractéristiques sont gérées par d'autres voies du cerveau, de développement moins archaïque.
• Disons que plus on est dans des conditions de survie, et plus le caractère dominant du leader est important ET sollicité par le reste du groupe

Vous avez tous remarqué qu'en ces temps où la violence et la guerre reviennent en force, les peuples se réfugient à nouveau derrière des dirigeants de ce type.

Quelle différence entre un dominant et un manipulateur

Revenons aux deux lions les plus "humains" que l'on connaisse, Mufasa et Scar. Les deux sont dominants, donc les deux veulent le pouvoir.

Mufasa est un bon dominant, il a des valeurs, il est juste et respectueux du monde qui l'entoure. Ce n'est pas un manipulateur (même s'il n'est pas toujours facile à gérer). C'est un vari costaud.

Scar est un dominant sournois, qui s'est sûrement senti humilié à de nombreuses reprises. Il croit mériter le pouvoir, mais il ne sait pas l'obtenir autrement que par la manipulation et la cruauté.

Pourquoi est-il difficile de gérer un manipulateur comme Scar ?

D'abord parce que Scar a un positionnement grégaire dominant

Les comportements caractéristiques d'un dominant pour obtenir ce qu'il veut sont :

• La flatterie. Kevin dirige un commerce. Il a besoin de Sonia pour remplacer une absente samedi matin. Hors, il n'est pas prévu que Sonia travaille le samedi. Kevin, inconsciemment, va employer une technique de dominant, plutôt que de demander normalement et faire un compromis. "Sonia, mon employée modèle, heureusement que j'en ai des comme toi ! Je compte sur toi samedi à 9h00. Tu auras comme ça largement le temps de te reposer !"
• L'intimidation. Sonia dit non. Kevin change de stratégie. Il s'approche très près de Sonia et semble prendre beaucoup plus de place comme un paon qui voudrait augmenter son volume et dit "Ma Sonia, tu sais qui je suis et comment je suis." Sonia se rappelle à ce moment la dernière fois que Kevin s'est mis en colère contre Brahim et l'a littéralement humilié devant la clientèle. Malgré le fait qu'elle se sent impressionnée, Sonia dit toujours non.
• La menace. Kévin : "tu veux réellement jouer à ça avec moi. je t'attends samedi et crois-moi tu as intérêt à être là", et si cela ne suffit pas : le bruit et la fureur comme diraient d'autres.
• La violence sur objet. Kevin joint à la parole un puissant coup de poing sur la table, shoote dans un carton qui traine là, et claque la porte.

Sonia est terrifiée. Comment va t-elle géré cela ?

Si Kevin s'est permis cela avec Sonia, c'est qu'il a senti qu'il pouvait le faire, et surtout qu'il pouvait passer la vitesse supérieure. Je vais apporter 2 précisions à ce que je dis :

1. On fait tous les 2 premières étapes, voire les 2 dernières aussi puisque certaines personnes sont moins dominantes que nous. Par exemple, rappelez-vous la dernière fois que vous avez voulu faire ranger sa chambre à votre enfant, et qu'il ne le faisait pas. Peut-être l'avez-vous flatté, essayé de le prendre par les sentiments, peut-être avez-vous fait les "gros yeux" pour l'intimider, peut-être encore l'avez-vous menacé d'une quelconque punition ou encore avez-vous même crié ?
2. La plupart des dominants, heureusement, s'arrêtent rapidement et les valeurs prennent le dessus. Pas chez le Scar !

Ensuite parce que Scar est plus cruel que la moyenne

Si on prend mon cas, j'ai un positionnement Grégaire plutôt soumis. Ceux qui me connaissent vont dire que ce n'est pas vrai.

Et bien si, je peux vous dire que je le ressens moi ce positionnement Grégaire soumis, même si j'ai beaucoup travaillé dessus pour survivre.

Qu'est ce qui fait que je risque de rencontrer des difficultés avec les Scars ? Plusieurs choses :

• Pour impressionner le groupe, le dominant a pour habitude de choisir quelqu'un de très faible, et de lui infliger une correction devant tout le monde. C'est une façon d'impressionner tout le groupe et de mettre en garde d'éventuels prétendants. Dons s'il sent de la "faiblesse" chez moi, le scar va se permettre des attaques physiques, ou verbales (humiliation) ou psychologiques et ça risque de durer (harcèlement)
• Je vais aussi avoir un déficit de cruauté. Par exemple, j'ai pratiqué la boxe française et le krav maga pendant presque 20 années. Pourtant, je sais que "faire mal" est très difficile pour moi, alors que pour un Scar, pas de problèmes ! On assiste même souvent à ce que le Scar se présente comme la victime. Par exemple, le Scar manipulateur est tout-à-fait capable de se placer en victime alors qu'il procède à des horreurs chaque jour. Il est très doué pour retourner la situation.

En résumé, le Scar a confiance en lui, sait être impressionnant et faire preuve de cruauté en public afin d'assoir son autorité par la crainte qu'il suscite.

Comment réagir face à un tel individu ?

Quel comportement adopter face à un Scar ?

D'abord ce qu'il ne faut pas faire

Un certain nombre de comportements encouragent le Scar à entrer dans sa dynamique de conquête du pouvoir :

• Le laisser faire : il envahit votre territoire morceau par morceau. Si vous le laissez faire, il ne vous en restera plus beaucoup à la fin. Le danger quand on a un positionnement grégaire plus soumis, c'est qu'on a tendance à (inconsciemment) céder du terrain, pour ne pas prendre trop de place
• Se justifier. Reprenons l'exemple de Sonia et Kevin. Imaginons qu'à l'étape flatterie, Sonia réponde : "je ne peux pas samedi, j'ai mes enfants". Je rappelle que Sonia n'a pas, par contrat, à travailler le samedi. Dans ce cas, elle se justifie et ouvre une porte à Kevin : "pas de problème je t'envoie le téléphone de ma sœur, elle est nounou, elle va s'occuper de tes enfants" ou "OK mais tu t'organises pour le samedi suivant"
• L'agresser. Sonia répond "tu rêves, tu te prends pour qui ?". Kevin arrêtera peut-être sur le moment, mais se sentant humilié, il se vengera.

Bon Philippe, on fait quoi, tu accouches !

D'accord, je vous propose un mode d'action en plusieurs étapes :

1. Identifier par le comportement de l'autre (flatterie pour obtenir quelque chose, agression gratuite, manque d'empathie manifeste, humiliations répétées) qu'on est pris dans ce type de relation
2. Accepter que si on est "pris", "accroché" dans ce type d'histoire, c'est qu'on a affaire à "plus dominant" que soi, et que ce dernier a vu une faille qu'il a exploité, pas consciemment, mais simplement parce que c'est son mode de fonctionnement.
3. On adopte la politique du disque rayé à chaque étape, et on dit non (cela s'apprend !) : non je ne viendrai pas samedi matin, simplement (ce n'est pas si facile car cela fait "monter la sauce"). Et là, il faut tenir.
4. Si le dominant est un Mufasa, il va vite s'arrêter et je vais gagner de la confiance en moi. C'est ce qu'il se passera la plupart du temps. Si c'est un Scar, et qu'il procède à des menaces ou actions de dégradation pour vous impressionner, on continue à faire face et on demande l'aide à l'autorité (l'inspecteur du travail, des gendarmes ou autres en fonction du cas). L'important est de savoir qu'on est dans son droit. On va sûrement culpabiliser ou avoir peur mais il convient encore de tenir bon.

Enfin, et c'est la leçon la plus importante. Contrairement à ce qu'on pourrait penser lorsqu'on est pris dans l'engrenage, le Scar n'est pas si fort que cela. Dominant ne veut pas dire courageux. Et c'est souvent là sa limite. Si vous tenez bon, vous le verrez s'effondrer à un moment ou un autre. Vous en sortirez grandi.

En conclusion, je dirais que gérer un Scar n'a rien d'évident, on peut se sentir faible mais on ne l'est qu'à partir du moment ou on agit comme tel.

Se sentir faible est normal, mais on peut être résilient et faire ce qui est bon pour soi, le plus en amont possible, pour éviter d'entrer dans un cercle vicieux.

Alors bon courage et dites-moi si ces quelques conseils auront pu vous éclairer et vous être utiles !