Le handicap psychique et la formation professionnelle
Je ne sais pas si vous avez cela dans vos régions, mais nous, formatrices et formateurs indépendants du Grand Est, pouvons assister à de nombreuses formations organisées et financées par la Région. Cela s'appelle le programme de professionnalisation des acteurs de la formation. La classe non ? Et bien moi j'en pense le plus grand bien.
Tout d'abord exclusivement motivé par l'indicateur 26 du référentiel Qualiopi, J'ai assisté à plusieurs sessions ces deux dernières années, notamment sur la gestion du handicap en formation. Je me suis inscrit voilà quelques semaines à une nouvelle session portant sur les maladies invalidantes. J'ai reçu la convocation ce matin, et cette dernière m'a rendu heureux.
Pourquoi ? Simplement parce que cette prestation est animée par Aline Minereau, une formatrice survitaminée (vitamine et Minereau pfff, OK, j'arrête), avec laquelle j'ai déjà participé à une session sur le handicap psychique, sujet du présent article. Et franchement ? C'était super bien.
Si vous ne le saviez pas encore, je suis moi-même concerné par cette forme de Handicap, qui m'a, je l'avoue, bien pourri l'existence personnelle et professionnelle, et plusieurs fois tout au long de mon chemin.
Qu'est-ce que j'en ai appris du Handicap psychique ?
Je suis moi-même atteint de troubles anxieux divers, depuis 30 ans. Je suis devenu un expert de ma maladie (cela aide beaucoup !), et je connais en profondeur les techniques et remèdes qui permettent de la soulager.
J'allais donc en formation en terrain conquis ! Et bien, je me suis senti très agréablement surpris, pour avoir appris un certain nombre de choses.
Par ailleurs, la formatrice semblait comprendre ce qu'on vit. Et ça c'est assez inhabituel pour moi, vraiment et sincèrement.
Si bien que je suis capable aujourd'hui d'expliquer, avec des mots simples, ce que nous vivons. Nous avons une déficience de l'activité psychique, si bien que nous avons des difficultés (plus ou moins importantes en fonction du trouble ou de la maladie)
- à avoir conscience de nous-même et de la réalité qui nous entoure
- à éprouver ou à gérer nos émotions au quotidien
- à établir avec les autres, des relations satisfaisantes à une bonne qualité de vie.
En très bref, nous n'avons pas toujours le bon mode d'emploi, pour évoluer dans notre environnement et avec les autres. Pour moi, ces quelques mots ont été une révélation. Oui oui, c'est ce que je vis au quotidien.
Comme l'écrivent Janet S. Klosko et Jeffrey E. Young dans "Je réinvente ma vie", je me focalise plus sur l'observation de ce que vous voulez pour être contents de moi, que sur ce que je veux et ce que je ressens.
Bon je me sens beaucoup moins seul quand j'apprends que la maladie psychique touche un quart de la population. Oui, 2 à 3 personnes sur 10 qui lisent ces quelques lignes sont concernées.
J'ai un ami, qui se reconnaitra, que je harcèle. Non ce n'est pas bien de harceler un ami... Que je prie de faire les démarches auprès de la MDPH du département pour faire reconnaitre une situation de handicap psychique.
Pourquoi ? Parce que grâce à cette formation, j'ai compris que la précarité économique et familiale l'avait conduit à l'épuisement psychique. Il n'arrête pas de dire qu'il est épuisé, qu'il souffre. Et bien écoutons le, et aidons le à se réinsérer !
La violence et le handicap psychique
Jolie image non ? C'est moi le matin quand je me lève ! Non j'déconne. Comme toutes les images de cet article, elle provient de la banque gratuite de Pixabay. Bon pourquoi cette image ?
Je veux vous parler de ma seconde surprise lors de cette formation... Les autres stagiaires ! A grande majorité féminine, et professionnelles de l'insertion, les bénéficiaires étaient impliquées et nous ont fait profiter d'une multitude d'anecdotes.
Au passage, je souligne un élément évoqué : les personnes atteintes de handicap psychique, qui je le rappelle n'ont pas forcément les codes pour évoluer au milieu d'autres individus, pourraient être attirées par la création d'une micro entreprise, recherchant une solution pour être indépendantes, travailler à leur rythme, et moins souffrir du rapport aux autres.
Je confirme au passage que bon nombre de mes clients, venant de vivre des difficultés professionnelles et nouvellement confrontés à la précarité, peuvent aussi avoir ce type d'envie.
Alors Monsieur François Ruffin, que j'ai entendu, dire vouloir supprimer ce statut horrible de la micro-entreprise... Reprenez vos esprits ! Que diable (il fallait que je le place, eu égard à l'image ci-dessus) !
Revenons à nos moutons, la violence. Pendant un exercice, certaines ont eu la franchise d'évoquer leur peur de cette forme de handicap, craignant d'éventuelles réactions de violences.
Il est en effet normal, quand on entend certaines chaines d'information en continu, vous savez celles qui revendiquent l'égalité homme-homme, l'expulsion de tout ce qu'ils ne comprennent pas, (oui ceux-là), chercher toujours la déficience mentale ou psychique, ou la couleur de peau pour expliquer les faits divers.
Bref, les gens "normaux" auraient une appréhension de nous autres ! J'ai envie de dire "grand bien leur fasse", cela les tient éloignés ☢.
Les différentes maladies et troubles psychiques
En formation, on peut rencontrer ce type de pathologies :
- La schizophrénie
- La dépression
- La bipolarité
- Les troubles anxieux
- Les troubles de la personnalité
Le handicap psychique rend-il agressif et violent ?
- Ce qui est certain, c'est que la violence retournée contre soi-même est très fréquente *
- Les personnes atteintes sont 7 à 17 fois plus souvent agressées que les autres, du fait de la vulnérabilité engendrée par la maladie psychique *
- Alors que ce handicap concerne 25% de la population, seuls 3 à 5% des agressions sont commises par des personnes atteintes *
* source NESRAC FondaMental (2015).
Plus d'inquiétude, les représentations ne font pas la réalité ! Mon expérience personnelle confirme un peu tout cela. Je me sens très vulnérable.
Enfant, j'ai régulièrement été agressé, notamment dans mes premières années au collèges. On m'a par exemple obligé à faire des devoirs, qui n'étaient pas les miens. Le football a été une belle bouée de secours pour moi, puis plus tard, la savate boxe française et le Krav Maga. Tout ce petit paragraphe pour vous dire... Ne venez pas m'embêter 🤎😁.
Quand à la violence exercée sur les autres ? Jamais ! En revanche, certaines choses me mettent fort en colère. Dites-moi, par exemple, qu'il suffit de faire de la sophrologie ou de la relaxation pour sortir de là. Cela aidera, comme un certain nombre d'autres choses, mais stop avec vos remèdes miracles, stooooop.
Concluons sur ce chapitre. Alors, qu'est-ce qui fait peur ? Votre système d'alerte interne est juste déclenché par des comportements bizarres, inhabituels (des cris dans la rue), et l'incertitude vécue entraine la réaction de peur.
Que faire devant le handicap psychique en formation
Une urgence ?
Certaines pathologies peuvent entrainer des situations d'urgence, comme les hallucinations, ou encore le délire, l'automutilation ou la tentative de suicide.
L'attaque de panique (ou crise d'angoisse), la vraie, est elle aussi une situation d'urgence, surtout la première !
Comme dit, ce sont des urgences, donc on agit en conséquence en appelant les secours.
Je ne suis pas d'une grande aide là. Bon d'accord. Mais bientôt ! J'ai décidé de faire la formation PSSM, comprendre premiers secours en santé mentale. C'est l'équivalent, pour la tête, de la formation SST (sauveteur secouriste du travail) pour le corps.
Des dispositifs pour la formation
Quelque soit la forme de handicap, vous savez tous qu'il est possible de faire appel à des spécialistes en région, pour compenser ou adapter le cas particulier d'une personne à votre formation.
Il faut savoir qu'il existe aussi des dispositif d'accompagnement comme le DEA (dispositif emploi accompagné) où un jobcoach fait le lien entre les différentes parties (entourage, OF, tuteur, psychiatre...).
Et donc, le handicap psychique ?
- Les maladies psychiques sont finalement courantes et plutôt banales au regard du nombre de personnes touchées, même s'il existe des situations d'urgence, à bien considérer comme telles.
- Les solutions thérapeutiques sont nombreuses, la meilleure étant que l'individu devienne expert de sa maladie. Seront efficaces les médicaments, les psychothérapies cognitives et comportementales, l'éducation thérapeutique, et aussi les mesures d'hygiène de vie comme la pratique d'une activité physique adaptée, la méditation de pleine conscience. Finalement, la personne atteinte pourra bénéficier, dans de nombreux cas, d'une vie quasi normale, à condition de na pas lâcher les bonnes habitudes. Le handicap sera alors "invisible".
- Le plus délicat est d'amener la personne à accepter sa maladie et à en avoir une vision réaliste, pour limiter l'auto dévalorisation liée au rejet ressenti vis-à-vis du monde extérieur.
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