Comment faire partie du clan des formateurs qu'on n'oublie pas | Vitessentiel |

Les gens vous parlent des instituteurs, professeurs, qui les ont marqué, leur ont donné envie, ont changé leur vie.

Animer une formation, c'est le nouveau défi que Céline doit relever, et elle aimerait faire partie du clan de ces formatrices qui ont de l'impact.

Cette ingénieure de 42 ans est sollicitée par sa grande entreprise pour intervenir devant les derniers recrutés et les former à devenir autonomes le plus rapidement possible dans leurs nouvelles fonctions.

C'est un enjeu prioritaire pour cette multinationale qui emploie de nombreux chercheurs venus du monde entier, et cet enjeu est double : les rendre efficace mais aussi heureux dans leur nouvel environnement. Recruter et fidéliser !

Céline se sent à l'aise dans son domaine d'expertise, dans sa pratique de l'anglais, ainsi que dans l'utilisation des outils numériques, pourtant de nombreuses craintes subsistent :

• Comment m'y prendre pour concevoir une formation impactante ?
• Comment gérer le groupe, la dynamique ?
• Comment réagir s'y je sens le stress m'envahir ?
• Comment faire en sorte qu'il se souviennent de manière positive de mon intervention ?

Et bien Céline, j'ai une bonne nouvelle ! Si tu suis les conseils qui suivent, tes futurs stagiaires se souviendront de ta prestation parce que les compétences acquises leur serviront régulièrement, parce qu'ils se seront sentis écoutés, conseillés, et sûrement parce qu'ils auront passé un bon moment.

Avant d'animer une formation en situation professionnelle

Fixer des objectifs opérationnels et mesurables

Quand on conçoit une action de formation, on commence par là.

Définir ce que les stagiaires devront être en capacité de réaliser à la fin de la formation. Au final, le formateur ou la formatrice devront se considérer comme un outil pédagogique qui permet à un groupe d'apprenants de passer d'un niveau de compétences A à un niveau de compétences B.

Et certainement pas comme un expert qui doit faire la preuve de son savoir.

En effet, qu'auriez vous dit ou fait si lors du passage de votre permis de conduire, on vous avait juste amené devant un circuit automobile, pour observer Alain Prost en action... Et maintenant "débrouilles toi !" ?

Lors d'une formation, c'est donc bien au stagiaire de faire la preuve de sa nouvelle compétence, traduite par l'atteinte d'objectifs pédagogiques. C'est sûr, c'est moins confortable mais c'est le seul moyen de faire en sorte que la formation soit utile !

Si je reprends l'exemple du permis de conduire, les objectifs pourront être :

• Réaliser une manœuvre
• Traverser une ville à une heure de pointe
• Etc

Prévoir d'animer en variant les méthodes pédagogiques

Rien de pire qu'une formation basée uniquement sur des concepts théoriques. Bien sûr qu'en regardant durant 18 années mon père conduire j'avais l'impression que c'était facile...

Bien sûr que j'avais remarqué qu'il était capable de faire d'autres choses en même temps comme discuter... Bien sûr que ça m'a aidé à conduire à mon tour quelques années plus tard...

Mais qu'en a t-il été le jour où je me suis retrouvé seul devant le volant, à ne savoir quoi faire des pédales ?

Que reste t-il des formations en management où j'ai eu l'impression de tout comprendre ? Car comprendre n'est pas une compétence, car comprendre n'est pas une action en situation professionnelle.

Comme on l'a vu au-dessus, la formation est destinée à l'apprentissage par des apprenants.

A la fin, ce n'est pas la tombée de rideau d'un one man show, mais le retour du bénéficiaire en situation professionnelle avec de nouvelles capacités.

Si je veux que les apprenants acquièrent les compétences, je devrai utiliser la théorie certes, mais aussi la démonstration et la mise en situation.

• Lors des phases théoriques, le formateur explique pendant que les stagiaires écoutent, prennent des notes, posent des questions
• Lors des phases démonstratives, la formatrice réalise la compétence étape par étape, pendant que les apprenants observent et (dans l'idéal) font dans le même temps
• Lors des phases actives, la formatrice observe, évalue et remédie, pendant que les bénéficiaires réalisent, souvent en petits groupe, parfois en situation professionnelle

Rencontrer les stagiaires avant d'animer la formation

Avant l'animation, et bien sûr dans les cas où c'est possible, j'aime à rencontrer les futurs apprenants pour échanger sur leur projet professionnel, les représentations des compétences concernées par la formation et de leur confiance en eux pour les mener à bien, leurs attentes et enfin leurs acquis.

Outre le fait que cet entretien permet d'adapter la formation au bénéficiaire, cela me permet aussi de "rencontrer" les personnes en individuel.

Ainsi, je ne les découvre pas le premier matin de la formation en situation de groupe. C'est beaucoup plus facile à gérer.

Bien sûr, on ne peut pas toujours organiser cette rencontre individuelle. Dans ce cas, on prévoira un "questionnaire de positionnement" qui ne se limitera pas à l'évaluation des acquis (pour les prérequis), mais qui questionnera aussi les éléments exposés ci-dessus.

Après la préparation, vient l'animation des séquences

Accueillir les participants

On parle bien ici d'animer des actions de développement des compétences qui se déroulent en présentiel, ou à distance, mais en classe virtuelle.

Les premières minutes de la formation sont essentielles, comme le serait la "première impression" lors d'un premier entretien avec un client.

Afin de rendre ce moment le plus propice à une formation réussie, je vous invite :

• A vérifier que chacun est OK avec les horaires, la restauration, l'hébergement, l'organisation vie en formation - vie familiale, emplacement des commodités, etc.
• A rappeler les règles du "vivre ensemble" durant la formation
• A vous présenter en relation avec les compétences visées par la formation (les stagiaires ont besoin de savoir à qui ils ont affaire en terme d'expertise)
• A rappeler ce que vous attendez des apprenants (les compétences), et pourquoi pas le programme
• Enfin les bénéficiaires devront se présenter, parce qu'ils ont besoin de se connaitre les uns et les autres, et pourquoi pas à l'occasion d'un jeu

Les enjeux principaux de ce début de séance portent sur :

• Briser la glace
• Commencer à créer la dynamique de groupe

S'en tenir au plan

Vous avez préparé votre formation, avec ses objectifs, ses séquences, les situations d'apprentissage, les évaluations (dans un document qu'on appelle le déroulé pédagogique)...

Tenez vous-en à ce qui est prévu, il sera toujours temps de "corriger le tir" après, même si un stagiaire se montre ennuyé, impatient.

Pensez qu'il n'est pas seul et que vous avez fait votre travail amont avec sérieux pour que la plupart profite de vos exposés, démonstrations et mises en situation. Ne remettez pas tout en question au moindre obstacle !



Les conseils qu'il me reste à vous donner rendront votre formation inoubliable.

Le formateur n'est rien de plus qu'un outil pédagogique

Dans mes premières années d'animation, je stressais énormément, parce que je mettais beaucoup de pression sur ma performance, jusqu'au jour où j'ai compris.

Pour être efficace je n'ai que 3 choses à faire :

• Bien préparer ma formation
• Être un outil pédagogique
• Prendre la posture d'un accompagnant

La figure ci-dessous vous propose de prendre une posture d'accompagnement en formation, en vous aidant de celle de 4 archétypes bien connus : Sigmund Freud, Carl Rogers, René Descartes et Milton Erickson.

Travailler son intention pour animer sereinement

J'ai remarqué que l'intention que je mets dans les choses, d'une part influence mon attention, et d'autre part génère plus ou moins de stress.

Par exemple, si mon intention en entrant dans la salle est de "contrer tout de suite les personnes difficiles", je vais justement porter mon attention sur ces dernières et ne voir qu'elles. Cela aura pour effet de satisfaire ma croyance qu'il existe des publics difficiles et je finirai comme l'inspectrice des impôts qui s'occupe de moi, persuadé que les stagiaires, ou au moins une bonne proportion d'entre eux, ne veut rien faire, ou au contraire veut remettre en question ce qu'on enseigne... Bof bof.

Par ailleurs, une intention comme être performant, génère du stress, et c'est naturel.

Je préfère entrer en piste avec des intentions comme partager, accompagner (voir ci-dessus), faire ce que j'ai prévu (et surtout l'essentiel de ce que j'ai prévu), ou encore et surtout : être professionnel. Ces intentions sont porteuses de sens, accompagnent une attention tournée vers le positif et limitent la survenue du stress.

Être sûr de sa légitimité, de ses compétences

Parfois certains sont amenés à animer des formations pour des compétences qu'ils ne maitrisent pas vraiment, et pour lesquelles ils n'obtiennent pas forcément de résultats en situation professionnelle.

Alors ils ne se sentent pas légitimes ! Et c'est bien car si vous pouvez, refusez d'animer ces formations ! Et si vous ne pouvez pas, car vous êtes salarié ou en recherche de chiffre d'affaire de manière urgente, acceptez le, ne cherchez pas à meubler mais plutôt à trouver les ressources pédagogiques qui compenseront au maximum, et qui apporteront tout de même un résultat aux stagiaires.

En bref ? On peut toujours se débrouiller pour être légitime, cela demande parfois un peu plus de préparation.

Lorsque vous ressentez le syndrome de l'imposteur, il y a toujours une graine de vérité. Nous ne sommes pas complètement stupides, à nous faire des films. Maintenant, il faut être capable de faire la différence objective entre "une graine de vérité" et la réalité. Est-ce que objectivement, avec les outils adaptés, quelqu'un comme moi peut animer cette formation ?

Finalement, si vous êtes professionnel dans la préparation et l'accompagnement, si vous avez une bonne intention et si vous vous sentez toujours légitime, la formation sera réussie !

La cerise sur le gâteau, animer avec humour !

Les séquences se suivent : situations d'apprentissage et évaluations des compétences, et vous passez parfois beaucoup de temps avec vos stagiaires...

Souvenez vous d'une phrase de Elie Kakou, l'humoriste aujourd'hui disparu, "il faut rigoler !". Et bien oui, même si parfois cela conduit à un peu de cirque.

Ce n'est pas parce que vous vous amusez que vous perdez le contrôle du groupe et de la formation, bien au contraire ! Et surtout, soyez naturels, même si comme moi, vous avez un gros accent vosgien.